7 nouveautés du Scrum Guide 2020

7 nouveautés du Scrum Guide 2020

Par Julien Dort, Expert & Coach DevOps | Expert CI/CD | Cloud | Formation | Conférence @gologic

Dernièrement, j’ai participé à une soirée organisée par Agile Montréal sur le Scrum Guide 2020. Ce dernier est sorti depuis un bon moment déjà, et pourtant je n’avais pas encore pris le temps de le regarder.

Comme le dit le proverbe, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Pour donner suite à cette soirée et lecture, j’ai trouvé pertinent de mettre en lumière les nouveaux points de cette récente mouture, accompagnés de mon interprétation.

Une cure d’amaigrissement

Si le confinement a vu les indicateurs de masse corporelle évoluer dans le positif pour certaines personnes, il semble que le guide lui a suivi un régime drastique. En effet, la première chose qui marque en 2020 est la taille du guide qui passe de 18 à 14 pages. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène.

Tout d’abord, on sent une volonté des auteurs du guide de s’écarter du monde du développement pour permettre de faciliter l’application du framework Scrum à des domaines plus vastes, ce qui en résulte par des concepts parfois un peu plus globaux.

À mon avis, la perte de ces 4 pages vient surtout d’un effort mis sur la centralisation des informations. Ce nouveau guide regroupe mieux les sujets entre eux et en parle de manière plus concise.

On sent que le guide va droit au but. Ce travail en facilitera certainement sa compréhension.

L’arrivée de l’imputabilité

Commençons par le changement majeur selon moi, l’arrivée de la notion d’imputabilité (accountabilities dans la langue de Bill Gates). Cette notion vient remplacer plusieurs notions telles que les rôles ou encore la responsabilité.

Essayons d’expliquer la nuance que je distingue entre la responsabilité et l’imputabilité.

Dans le cadre de Scrum, lorsqu’une personne ou une équipe était responsable d’une action, elle était chargée de réaliser cette action, mais on ne sentait pas forcément qu’il y avait une responsabilité quant au résultat.

À mes yeux, le terme « imputable » vient ancrer dans les esprits le fait de prendre conscience que le résultat de l’action compte autant voir plus que la mise en œuvre de cette action.

Les rôles disparaissent

Comme l’exprime Dave West dans son article, les rôles dans Scrum ont été de plus en plus pris comme des titres que l’on peut mettre sur sa carte de visite. Et cela donnait dans certaines organisations, des situations hybrides handicapantes.

Par exemple, un Product Manager qui ordonnait le backlog dans l’équipe pendant que le Product Owner le remplissait, etc. Maintenant, les rôles disparaissent, et finalement, on force l’équipe Scrum à réfléchir à la question suivante : Qui à l’imputabilité de faire quoi ?

Finalement, on ne se retrouve plus avec des « rôles » de Scrum Master, Product Owner ou Developer mais avec des visions. Ainsi, si une personne, même un développeur, à l’imputabilité de la vision du Product Owner, alors c’est lui le Product Owner, peu importe les titres.

Pour information, voici les imputabilités extraites du Scrum Guide 2020 pour les différentes visions :

DEVELOPERS

« The Developers are always accountable for: 

● Creating a plan for the Sprint, the Sprint Backlog; 

● Instilling quality by adhering to a Definition of Done; 

● Adapting their plan each day toward the Sprint Goal; 

● Holding each other accountable as professionals. »

PRODUCT OWNER

« The Product Owner is accountable for maximizing the value of the product resulting from the work of the Scrum Team. » 

« The Product Owner is also accountable for effective Product Backlog management, which includes: 

● Developing and explicitly communicating the Product Goal; 

● Creating and clearly communicating Product Backlog items; 

● Ordering Product Backlog items; 

● Ensuring that the Product Backlog is transparent, visible and understood.  
The Product Owner may do the above work or may delegate the responsibility to others. Regardless, the Product Owner remains accountable. »

SCRUM MASTER

« The Scrum Master is accountable for establishing Scrum as defined in the Scrum Guide. They do this by helping everyone understand Scrum theory and practice, both within the Scrum Team and the organization. »
« The Scrum Master is accountable for the Scrum Team’s effectiveness. They do this by enabling the Scrum Team to improve its practices, within the Scrum framework. »

DevOps en approche

Si vous aviez des doutes sur le mariage entre Scrum et la culture DevOps, le guide 2020 devrait vous aider à dissiper vos doutes.

« The Scrum Team is responsible for all product-related activities from stakeholder collaboration, verification, maintenance, operation, experimentation, research and development, and anything else that might be required. »

Dans cette phrase, on constate que la responsabilité de l’équipe Scrum s’étend dorénavant aussi à la maintenance et à l’opérationnalisation, deux aspects du cycle de vie que la culture DevOps couvre.

Visez l’objectif

Un des aspects qui n’est pas évident à garder lorsque l’on est Scrum Master d’une équipe est l’engagement de l’équipe. Il me semble que cet état de fait est exacerbé par le télétravail et les fameuses réunions vignettes, ou personne ne met sa caméra.

J’ai l’impression que le Scrum Guide a voulu répondre à cette difficulté en instaurant plusieurs objectifs :

  • « For the Product Backlog it is the Product Goal. »
  • « For the Sprint Backlog it is the Sprint Goal. »
  • « For the Increment it is the Definition of Done. »

Un objectif répond à la question Pourquoi ? Pourquoi fait-on ce sprint ? Pourquoi notre client veut-il cette fonctionnalité ? À quoi sert-elle ? On souhaite remettre l’équipe Scrum devant la réalité : le travail que vous faites sert à quelque chose de concret !

Alors ici on ne parle pas d’un objectif du type : « On fait un nouveau champ dans la base de données ». L’objectif est plus global : À quoi sert ce champ ? Comment va-t-il aider les affaires à améliorer l’expérience utilisateur ? On retourne vraiment au concret.

La fin des réunions daily robotisées

Je déteste voir des daily plats. Le genre de daily où vous entendez de manière nonchalante : « Hier, j’ai travaillé sur le ticket 785, aujourd’hui je vais faire le 796, pas de bloquant », et l’on passe au suivant. Tout le monde s’ennuie et la valeur ajoutée du temps investi est, soyons honnêtes, discutable. 

Le nouveau Scrum Guide 2020 propose entre autres deux améliorations à ce sujet. 

La première est la disparition des fameuses questions en exemple qui ont donné les bases des daily susmentionnés. La deuxième est que dorénavant, chaque développeur doit répondre à la question : Qu’est-ce que j’ai fait hier et qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui pour faire avancer l’équipe et le projet vers son objectif de Sprint ?

Il est certain que le changement va forcer l’équipe à réfléchir aux raisons de leur développement, mais je pense que cela risque de donner des daily bien plus constructifs.

Le Scrum Master est un leader

Un dernier point que je souhaitais aborder est la mise en avant du leadership dont doit faire preuve le Scrum Master. Dorénavant, le Scrum Master n’est plus un servant leader, mais un true leader. La différence me direz-vous ? Et bien, le Scrum Master est dorénavant imputable de l’efficacité de l’équipe et se doit donc de ne plus être à côté de l’équipe, mais bien à l’avant. 

De plus, bien que présent dans les précédentes versions, on ressent que le guide 2020 souhaite que les Scrum Master reprennent une partie du rôle de coach agile dans les compagnies.

« The Scrum Master serves the organization in several ways, including:
 ● Leading, training, and coaching the organization in its Scrum adoption. »

En conclusion

La nouvelle mouture 2020 du guide Scrum me semble moins dirigiste. Encore plus simple à comprendre, elle met l’accent sur le pourquoi les actions sont faites plutôt que le comment elles sont faites. La remise en question et la compréhension semblent perpétuelles. C’est selon moi, une belle évolution.

L’arrivée de l’imputabilité va sûrement ravir les dirigeants d’entreprises qui vont sûrement mieux comprendre qui doit faire quoi et surtout à qui poser les questions sur les résultats obtenus.

Nul doute selon moi, que le fameux guide 2020 va faire parler de lui dans le milieu agiliste. Plus que les années précédentes, il y aura sûrement un avant et un après Scrum Guide 2020. Je ne peux que vous encourager à aller le lire.

À bientôt, Par Julien Dort, Expert & Coach DevOps | Expert CI/CD | Cloud | Formation | Conférence @gologic

« Détenteur d’un baccalauréat en informatique spécialisée et d’une maîtrise en recherche métaheuristique multi-objectifs parallèles, Julien Dort a suivi un parcours académique et professionnel lui permettant d’allier autant le côté Dev que Ops.
Son passage au sein de diverses organisations telles que le CRIM et la Société Générale lui ont permis d’agir à titre d’expert CI/CD et d’ambassadeur des meilleures pratiques DevOps à mettre en place.
En poste chez Gologic, il réalise actuellement un mandat comme coach en transformation DevOps au sein d’une importante institution financière. Grâce à ses excellentes habiletés interpersonnelles et son sens politique aiguisé, il contribue activement à la réussite des projets auxquels il participe. »

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